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Ayant été lui-même journaliste, Maupassant fait dans Bel Ami une satire de la presse du 19ème siècle: les rouages des grands journaux n’ont effectivement pour lui aucun secret. Maupassant introduit donc en espion Bel-Ami, "cette graine de gredin", dans ce milieu de frivolité, de suffisance et d’oisiveté, car «il lui était plus favorable que tout autre pour montrer les étapes de son personnage". Ayant tout vu, tout découvert, tout compris, Bel-Ami sait que le journal est la force première d’un régime, quel qu’il soit. Et ce journal, dans le roman, c’est La Vie Française.
La réussite de Bel-ami ressemble à celle de Maupassant, avec des moyens semblables: journaliste, il accélère sa promotion sociale: la même ambition les anime, celle de réussir. Duroy devient tout à fait Maupassant quand il tente d’écrire ses articles sur l’Algérie
C’est ainsi que Duroy, lors de sa première visite à La Vie Française, pénètre dans l’escalier-réclame, est introduit dans une salle de rédaction et dans un bureau directorial étonnant. Dans cette caverne d’Ali Baba, les journalistes et leur directeur se livrent à leur passe-temps favoris : le bilboquet et la partie d’écarté ! Mais la mise en scène est si parfaite qu’elle en "impose aux visiteurs ". Au cœur de la machine, Duroy apprend que ce dernier est un " faiseur ", expert en prestidigitations journalistiques, comme ses subalternes.
La " moelle du journal ", ce sont les Echos : " c’est par eux qu’on lance les nouvelles, qu’on fait les bruits, qu’on agit sur le public et sur la rente ". On y apprend le mensonge et la médisance. Le chef des Echos - Duroy dans le roman - s’impose comme le levier créateur et destructeur, celui qui devine " ce que supportera le public ", celui qui s’arrange pour que " l’effet en soit multiplié ". Tout ici est combinaison, manipulation supérieure et Bel-Ami, ce Scapin du journalisme, peut montrer l’étendue de son