7 Péchés capitaux anthologie poétique
Lamartine
« le lézard »
Sur les ruines de Rome.
Un jour, seul dans le Colisée, Ruine de l'orgueil romain, Sur l'herbe de sang arrosée Je m'assis, Tacite à la main.
Je lisais les crimes de Rome, Et l'empire à l'encan vendu, Et, pour élever un seul homme, L'univers si bas descendu.
Je voyais la plèbe idolâtre, Saluant les triomphateurs, Baigner ses yeux sur le théâtre Dans le sang des gladiateurs.
Sur la muraille qui l'incruste, Je recomposais lentement Les lettres du nom de l'Auguste Qui dédia le monument.
J'en épelais le premier signe : Mais, déconcertant mes regards, Un lézard dormait sur la ligne Où brillait le nom des Césars.
Seul héritier des sept collines, Seul habitant de ces débris, Il remplaçait sous ces ruines Le grand flot des peuples taris.
Sorti des fentes des murailles, Il venait, de froid engourdi, Réchauffer ses vertes écailles Au contact du bronze attiédi.
Consul, César, maître du monde, Pontife, Auguste, égal aux dieux, L'ombre de ce reptile immonde Éclipsait ta gloire à mes yeux !
La nature a son ironie Le livre échappa de ma main. Ô Tacite, tout ton génie Raille moins fort l'orgueil humain !
L'Avarice |
Jean de La Fontaine « L’Avare qui a perdu son trésor »
L’Usage seulement fait la possession.Je demande à ces gens de qui la passionEst d’entasser toujours, mettre somme sur somme,Quel avantage ils ont que n’ait pas un autre homme.Diogène là-bas est aussi riche qu’eux,Et l’avare ici-haut comme lui vit en gueux.L’homme au trésor caché qu’Esope nous propose,Servira d’exemple à la chose.Ce malheureux attendaitPour jouir de son bien une seconde vie ;Ne possédait pas l’or, mais l’or le possédait.Il avait dans la terre une somme enfouie,Son cœur avec, n’ayant autre déduitQue d’y ruminer jour et nuit,Et rendre sa chevance à lui-même sacrée.Qu’il allât ou qu’il vînt, qu’il bût ou qu’il mangeât,On l’eût pris de bien court, à moins qu’il ne songeâtA l’endroit où gisait cette somme enterrée.Il y fit tant de