Abbaye de theleme
Quoi qu’il en soi Frère Jean n’en veut à aucun prix : « Car comment pourrais-je, dit-il, gouverner autrui, qui moi-même gouverner ne saurais ? ». C’est dans cette remarque, frappée au coin du plus authentique bon sens, que réside le secret de Thélème. Jusqu’ici dans les monastères, les religieux étaient soumis à une règle sévère, qui leur dictait leurs faits et gestes, ne laissant au libre arbitre, à l’initiative individuelle, aucune chance de s ‘exercer. Tout en irait autrement si, dans une abbaye créée selon des principes exactement contraires, on traitait les gens en adultes libres et responsables, capables de se gouverner eux-mêmes. Pour Rabelais, le symbole de cette aliénation, de cette castration de la personnalité, c’est la cloche qui, dans les couvents, règle l’emploi du temps et fixe, de jour et de nuit, le découpage horaire de la vie monastique. Pour lui, le grand scandale est de « soi gouverner au son d’une cloche et non au dicté de bon sens et entendement ». Il n’y aura pas de cloches à Thélème !
D’ailleurs, par principe, les fondateurs de l’abbaye prendront le contre-pied de ce qui existait auparavant, et notamment chez ces cordeliers que Rabelais connaissait bien et que, pour se venger, il appelait des « bordeliers ».
Le nom même de Thélème est à lui seul tout un