adieu
"Adieu" ou l'impossible adieu Je ne pourrai jamais envoyer l'Amour par la fenêtre.
Arthur Rimbaud, Phrases. Ce dernier chapitre d'Une saison en enfer est à la fois la fin d'une histoire et la conclusion d'une longue, intense, dramatique méditation. L'histoire raconte la déchéance d'un jeune poète qui, ayant fait le choix de la révolte contre la société et de la négation enragée des valeurs traditionnelles, se trouve projeté aux limites de la folie et à l'article de la mort. Afin de s'extirper de ce qu'il appelle métaphoriquement son "enfer", le "damné" décide de rompre avec les "mensonges" dont il s'est "nourri", d'"étreindre [...] la réalité rugueuse", et de retrouver le chemin du "devoir". L'enjeu de sa méditation est de savoir s'il est encore temps pour lui de renouer avec les principes de la morale et de la religion, de la science et du travail, etc. Et surtout, s'il faut véritablement en passer par là. Car, pour être meurtri par ce qu'il a vécu, il n'a pas pour autant cessé de haïr l'ordre établi. À l'heure de ce choix capital, le narrateur hésite tellement que tout le livre ne semble fait que de ses contradictions et de ses volte-faces. C'est sans doute en pensant à la Saison que René Char écrit : Dans le mouvement d'une dialectique ultra-rapide, mais si parfaite qu'elle n'engendre pas un affolement, mais un tourbillon ajusté et précis qui emporte toute chose avec lui, insérant dans un devenir sa charge de temps pur, il nous entraîne, il nous soumet, consentants. Chez Rimbaud la diction précède d'un adieu la contradiction. Sa découverte, sa date incendiaire, c'est la rapidité.
(Pléiade Char, p.733) Cette "dialectique ultra-rapide" rend extrêmement difficile la compréhension du texte et son commentaire. Et quant au mode d'écriture adopté par Rimbaud (langage proche de l'oral, dialogues avec soi-même, tournures elliptiques, familières, phrases inachevées, syntaxe