Afghanistan: insurrection
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L’Insurrection talibane : guerre économique ou idéologique ? par Sébastien Pennes
Sébastien Pennes, ancien collaborateur de plusieurs organisations humanitaires, notamment en Afghanistan, travaille aux Affaires politiques de la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA) depuis octobre 2005. Du nord-ouest, au Hazarajat (centre) et au Grand Paktya (sud-est), il a toujours vécu à la périphérie rurale du pays.
L’Afghanistan constitue aujourd’hui un espace éclaté entre des centres urbains effervescents et des périphéries stagnantes, où l’économie de prédation s’organise dans un système de protections et d’autorités locales très hétérogènes. Face à ces dernières, la stabilisation ne peut s’imposer que par des action locales et diversifiées, et non par un discours idéologique ou la pratique centralisatrice d’un gouvernement encore fragile. politique étrangère
Le débat français sur le renforcement des troupes en Afghanistan souligne les difficultés des forces conventionnelles face à une insurrection grandissante. Gouvernement, soutenu par l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), contre Talibans, soutenus par Al-Qaida : cette vision propose une racine idéologique au conflit. En parallèle, l’explication économique pose la question de l’efficacité de l’aide : l’attisement des frustrations expliquerait la montée en puissance de l’insurrection. Pourtant, la dichotomie fondamentale du problème afghan n’est pas tant entre une insurrection armée contre un gouvernement élu, qu’entre des centres urbains effervescents et prolixes face à une périphérie stagnante et ignorée. Mais ces divisions ne se recouvrent pas : les centres abritent à la fois les insurgés et la police, les commerces et les attentats. La périphérie est tout autant le théâtre d’influences croisées. Nous proposons ici une vision certes critique, qui demande un rééquilibrage des efforts du