Chapitre I
Aliénor

Depuis quatre mois Yvain n'avait qu'une seule obsession, arriver au plus vite et se libérer de la promesse faite à un mourant. En transmettant son message à dame Aliénor il honorerait son nom et la mémoire de Raymond de Poitiers prince d'Antioche. Il avait pris tous les risques et sans relâche nuits et jours chevauché à travers les terres impie, par delà les montagnes, les vallées, les fleuves. Il avait utilisé et poussé à mort de nombreux chevaux, tombés sous lui d'épuisement, la bave au lèvres et l'encolure blanche de sueur. Il avait traversé les déserts brûlants du conté d'Edesse, les pleines marécageuses aux alentour de Rome, les cols enneigés des Alpes et se trouvait aujourd'hui au bord du Clain devant la cité de Poitiers. Il avait réussi, ou presque. Accepterait-elle de recevoir ce simple palefrenier, inconnu et désœuvré. Agonisant, Raymond lui avait certifier qu'elle serai reconnaître la vérité et que ce qu'il lui avait confié au cœur du combat était plus fort que tous les sceaux et laissés passés de la terre.
Au pied du palais ducal et de son imposante tour carré Maubergeon, Yvain Guytard demanda à voire la Reine. Le garde repoussa cet hurluberlu, sale et puant, mais le messager insista. - Je viens de loin et j'ai un message important pour sa majesté. - Écoutes, il vaudrai mieux pour toi que tu passes ton chemin si tu ne veux pas finir au pilori. Yvain préféra ne pas insister et décida de tenter sa chance de manière différente. Avec les quelques deniers qui lui restaient il s'acheta une chainse* propre et un nouveau bliaud et se dirigea à l'étuve pour rapidement y faire ses ablutions et mieux paraître. Il ne lui restait plus que dix deniers et il devait les utiliser au mieux. Après s’être renseigné dans la rue, il trouva sans difficulté l'auberge fréquenté par la noblesse, les riches marchands et la haute soldatesque. Il y entra, la salle était immense et de grande tables en bois étaient dressées le long