Aiempr10
Fr. Marcel Durrer et le groupe suisse de l’AIEMPR
1.
Un Psaume violent et violenté
Ce psaume est souvent rejeté comme trop violent. i Il paraît être plutôt une litanie d’injures et de malédictions qu’une prière. Ce psaume, qui exprime une grande violence, a été exclu de la prière de l’Eglise : serait-ce le signe d’un déni de la violence contenue dans les textes sacrés ? D’un refus d’admettre la violence, qui serait une forme de reconnaissance de ce qui doit rester caché? D’une crainte que le texte ne permette pas une reprise de la violence dans l’espace sacré ? Qu’il engendre la violence plutôt que d’en préserver l’espace social? D’un déni qui empêche toute confrontation à la violence ?
Dans les lectionnaires liturgiques, le psaume a fini par s’attirer le sort même qu’il souhaitait à l’ennemi décrit au v.7b-8 : sa supplication d’anti-salut est devenue un péché, ses jours ont été écourtés, d’autres ont pris sa place. Peut-on utiliser ce langage au vitriol, à moins qu’au-delà de la méchanceté humaine, on ne veuille exorciser les forces du mal elles-mêmes ?
Repris dans les Actes des apôtres à propos de Judas, ce psaume peut être relu et prié à partir du lieu de l’agressé comme une parole de mise à distance de l’agresseur. Cet agresseur qui de façon violente, a envahi le territoire de l’agressé sans son consentement. Ce psaume remet de la parole là où il y avait non-parole, passage à l’acte.
2.
Un texte judiciaire de jugement
Du point de vue du genre, il s’agit d’un texte judiciaire de jugement (un « rib »). ii Il manque cependant la protestation d'innocence, l’instruction du juge, le geste de se mettre debout, la mention de délits particuliers. Il est demandé une peine grave sans la motivation d’un délit correspondant. La description des versets 22-25 appartient plus à une supplique ordinaire qu’à un appel en justice. Dieu n’est pas appelé juge, ni ne parle de « sa justice ». S’agit-il d’une ordalie ou d’un jugement dans le