Aime cesaire
Dans son discours, il adopte le ton du pamphlétaire et condamne tour à tour la barbarie des conquêtes coloniales, l'esclavagisme, la destruction des pays colonisés, - toutes choses devenues évidentes aujourd'hui. Il affirme la dégénérescence de la civilisation occidentale, qui a failli disparaître sous les assauts du totalitarisme nazi, mais démontre avec un réel talent que le nazisme et Hitler se profilaient déjà au XIXème siècle, au moment des grandes conquêtes coloniales de la France et du Royaume Uni en Afrique et en Asie, alors que les grands humanistes de l'époque justifiaient les massacres commis en inventant des arguments idéologiques niant l'humanité des peuples colonisés et postulant la supériorité de l'homme blanc et de la civilisation européenne. Il retrouve les mêmes arguments, remis au goût du jour, chez les ethnologues du XXème siècle, au premier rang desquels il place Roger Caillois.
Une soixantaine d'années plus tard, son analyse, qui rejoint d'ailleurs celle de Hannah Arendt, exposée dans son ouvrage sur les Origines du totalitarisme, publié à la même époque, conserve sa pertinence, mais les perspectives qu'Aimé Césaire semblait esquisser, dans la ligne du Parti Communiste, sont complètement anéanties. Le diagnostic porté sur la société occidentale semble sévère car, quoi qu'il eût envisagé alors, la décolonisation a bel et bien été accomplie dans la vingtaine d'années qui a suivi. Les anciens colonisateurs y ont retrouvé une nouvelle vigueur, alors que les anciens colonisés, devenus indépendants, ont largement échoué à créer des sociétés viables en se démarquant du modèle libéral occidental, comme du modèle marxiste de type soviétique ou chinois.
Les anciennes colonies qui ont conquis leur indépendance à l'intérieur de frontières souvent artificielles