Alain finkielkraut un déclinologue
« La barbarie a donc fini par s’emparer de la culture ». C’est par ces mots cinglants qu’Alain Finkielkraut conclut La Défaite de la pensée. Publiée en 1987, cet ouvrage incarne parfaitement le personnage tumultueux que demeure Alain Finkielkraut, en 2009. Ce dernier est généralement décrit comme un philosophe conservateur, il intervient très régulièrement sur de grands thèmes allant jusqu’à pointer du doigt les jeunes de cité lors de la crise des banlieues de 2007. Son anticonformisme intellectuel dérange incontestablement et l’ouvrage qui nous intéresse est bien le point de départ de sa critique profonde de la société moderne. En 2002, cette critique lui vaut d’être accusé de « néo-réactionnaire » par le sociologue Daniel Lindenberg dans son Rappel à l’ordre : enquête sur les nouveaux réactionnaires. Plus récemment, Dominique de Villepin popularise en 2006 le terme de « déclinologue » ou « décliniste » en lui donnant le sens péjoratif de personnes voyant tout en noir. Seulement la même année, 85% des Français jugent que leur pays va dans « la mauvaise direction » et ceux que cette image irrite y décèlent la retouche des déclinologues accusés d’alimenter le catastrophisme. La question devient, comment, dans un contexte de crise comme le nôtre, comment ne pas être décliniste ? Dans un premier temps, nous étudierons le discours des antidéclinistes que l’on appelle plus communément progressistes et verrons comment ils constituent la nouvelle religion du progrès, puis dans un second temps, nous travaillerons sur l’incrimination des « déclinologues » et sa légitimité.
I/ La France n’aime pas toujours se regarder en face. Surtout la France d’en haut.
Aujourd’hui, qu’elles se disent de gauche ou de droite, certaines personnes s’indignent qu’on puisse parler de « déclin » ou de « décadence ». Elles s’affolent à entendre les déclinologues ou déclinistes, s’exaspèrent devant l’audience qu’ils trouvent et dégainent leur revolver,