Alain les animaux n'ont ni passion ni conscience
"Les animaux, autant que l'on peut deviner, n'ont point de passions. Un animal mord ou s'enfuit selon l'occasion , je ne dirais pas qu'il connaît la colère ou la peur, car rien ne laisse soupçonner qu'il veuille résister à l'une ou l'autre, ni qu'il se sente vaincu par l'une ou par l'autre. Or c'est aussi pour la même raison que je suppose qu'ils n'ont point de conscience. Remarquez que ce qui se fait par l'homme sans hésitation, sans doute de soi, sans blâme de soi, est aussi sans conscience. Conscience suppose arrêt, scrupule, division ou conflit entre soi et soi. Il arrive que, dans les terreurs paniques, l'homme est emporté comme une chose, sans hésitation, sans délibération, sans égard d'aucune sorte. Il ne sait plus alors ce qu'il fait. Mais observez les actions habituelles tant qu'elles ne rencontrent pas d'obstacles, nous ne savons pas non plus ce que nous faisons. Le réveil vient toujours avec le doute , il ne s'en sépare point. De même celui qui suit la passion n'a point de passion. La colère, le désir, la peur, ne sont plus alors que des mouvements."
Alain
Introduction
Dans ce texte Alain cherche à donner une définition précise à la notion de conscience. Généralement la conscience désigne une faculté spécifiquement humaine par laquelle nous savons ce que nous faisons et pensons. Etant attachée à notre nature, l'opinion pense que cette faculté est innée et accompagne la moindre de nos actions. Or pour Alain, l'homme n'est pas toujours conscient de ce qu'il fait puisqu'il identifie la conscience à la réflexion. Ainsi nos attitudes impulsives comme nos actions habituelles sont-elles dépourvues de conscience. En cela, l'homme ressemble à l'animal.
Pour nous amener à embrasser cette définition de la conscience, qui n'est jamais ouvertement déclarée mais simplement suggérée par la texte, Alain procède par élimination. Il étudie d'abord le comportement animal régi par l’instinct. Celui-ci est dépourvu de