L’homme est obscur à lui-même ; cela est à savoir. Seulement il faut éviter ici plusieurs erreurs que fonde le terme d’inconscient. La plus grave de ces erreurs est de croire que l’inconscient est un autre Moi ; un Moi qui a ses préjugés, ses passions et ses ruses ; une sorte de mauvais ange, diabolique conseiller. Contre quoi il faut comprendre qu’il n’y a point de pensées en nous sinon par l’unique sujet, Je ; cette remarque est d’ordre moral. Il ne faut point se dire qu’en rêvant on se met à penser. Il faut savoir que la pensée est volontaire ; tel est le principe des remords : « Tu l’as bien voulu ! » On dissoudrait ces fantômes en se disant simplement que tout ce qui n’est point pensée est mécanisme, ou encore mieux, que ce qui n’est point pensée est corps, c'est-à-dire chose soumise à ma volonté ; chose dont je réponds[1].

ALAIN, Eléments de philosophie, 1941.

1- a. Quel est le thème du texte ? La thèse de l’auteur ? Par quels arguments établit-il son raisonnement ? b. En vous aidant de ces questions, rédigez une introduction au commentaire de ce texte.

2- « Le Moi n’est pas maître dans sa propre maison ». a. Que veut dire Freud par cette phrase ? b. Comment Alain pourrait-il la comprendre ?

3- a. Quelle conception du sujet Alain défend-il ? b. A quel philosophe plus ancien pourrait-il se référer pour étayer ses idées ? Quels arguments pourrait-il lui emprunter ? c. Pourquoi Alain insiste-t-il sur la dimension morale du sujet ?

4- Que pourrait répondre Freud à la critique d’Alain ?

5- Rédigez une conclusion à la réflexion que vous venez de mener.

Question bonus : Rappelez le mythe de la naissance d’Eros et en quoi il permet de définir la philosophie.
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[1] Chose dont je réponds : dont je suis