La façon dont se rencontrent les personnages, dont se conviennent les lieux et les êtres, dont les évènements de la vie personnelle s'inscrivent dans les événements de la vie publique, dont s'achèvent surtout les chapitres, les existences, l'histoire elle-même, voilà ce qui constitue, à l'intérieur d'un roman, l'image du destin. Ce mot désigne une existence dont on connaît le but, qui pourrait se résumer en un mot, mais il y a évidemment quelque chose de trompeur dans cette correction que le roman inflige à la vie, et déjà au XVIIème siècle, ce "mensonge" des romans était un des griefs que l'on avait contre eux. Albert Camus, ici, reprend indirectement dans L'Homme révolté cette critique, le roman ne décrirait qu'une réconciliation superficielle de l'homme avec sa condition. "Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n'est ni plus beau ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin.". Si les héros romanesques ont notre langage, nos faiblesses et nos forces, ils s'inscrivent donc dans une continuité par rapport à nos réalités et relèveraient alors du commun, de la banalité, dans lesquels le réel est tenu. Mais le héros romanesque, c'est aussi le personnage principal, il se distingue alors justement par ses qualités, ses actions exceptionnelles et son destin exemplaire. Le propos d'Albert Camus nous amène donc à repenser la notion de héros romanesque comme lieu de tension entre commun et