Albert londres
Le Juif errant est arrivé
Poche 10-18, 1975, 310 p.
Livre paru en 1929
p. 16 Description du Juif errant : Les Anglais, en champion du rasoir, le regardaient avec effarement. Lui, allait, venait, bien au-dessus de la mêlée. C’était un Juif. D’où venait-il ? D’un ghetto. Il faisait partie de ces millions d’êtres humains qui vivent encore sous la Constitution dictée par Moïse du haut du Sinaï. Pour plus de clarté, il convient d’ajouter qu’à l’heure présente ils vivent aussi en Galicie, en Bukovine, et Bessarabie, en Transylvanie, en Ukraine et dans les montagnes des Marmaroches. Autrement dit, sans cesser d’appartenir uniquement à Dieu, ils sont, par la malice des hommes, sujets polonais, roumains, russes, hongrois et tchécoslovaques.
p. 19 Si mon homme arrivait de Galicie, ses yeux venaient de beaucoup plus loin. L’Orient les habitait encore. Ayant extrait son Talmud de sa valise en bois, ce sujet polonais se plongea dans l’hébreu. .... Les curieux, feignant le bel air de l’indifférence, passaient et passaient encore devant notre box. Un vulgaire contemporain se fût dressé et leur eût demandé : « Que désirez-vous, gentlemen ? » Mais quand on flirte avec Dieu à travers de difficiles caractères hébraïques, a-t-on des pensées pour de sottes créatures ?
p. 28 Le rabbin reprit : « Que le saint nom en soit béni ! Mais la vérité est la vérité. L’envie n’a pas guidé ma langue. S’il y a chez vous (Juifs d’occident) des Juifs qui, n’ayant su résister à un siècle de bien-être, ne sont plus que des israélites, ceux-là nous les abandonnons. Ils se croient anglais, français. L’esprit les a quittés. Ils ont rompu l’alliance. Ils ont tout perdu. Pour nous ils ne sont plus des Juifs et, pour les Occidentaux, ils en sont cependant toujours ! Mais je pense à toi, Samuel Gosschalk, dont le père est encore des nôtres et que voilà déjà anglais. C’est s’éloigner rapidement des siens. Le danger te guette. Tes enfants ne seront peut-être plus, eux aussi, que