Alimentation, genre et génération au sein de la famille
1. Introduction
Ce travail s’intègre dans une perspective qui considère que l’étude d’une pratique inscrite dans la quotidienneté peut se révéler pleine d’intérêts pour des recherches socio-anthropologiques. En effet, l’alimentation -considérée en anthropologie comme « un fait social et culturel total » (Bonte-Izard 1991 : 751)- est utilisée comme moyen d’accès, d’investigation de la réalité sociale. Il s’agit ici de dépasser l’idée de trivialité qui entoure l’alimentation de tous les jours pour l’envisager comme une construction sociale autour de laquelle s’articulent nombre d’enjeux complexes, de représentations, de symboles, et de rapports sociaux. Dans son approche, I. Garabuau-Moussaoui privilégie le terme cuisine pour rendre compte de la consommation comme production sociale. La cuisine est effectivement productrice de plats, à un niveau matériel, mais aussi de relations sociales, en tant qu’elle s’inscrit dans une histoire et dans des rapports sociaux auxquels elle participe. Les processus culinaires s’ancrent également dans un cadre culturel ; la cuisine est de ce fait productrice de sens car associée à des imaginaires et représentations. Il est donc fondamental d’aller au-delà de la fonction physiologique de la nourriture, pour -comme suggéré par D. Lupton, I. Garabuau-Moussaoui, L. Cantarero, et bien d’autres- étudier la nature sociale et symbolique de l’alimentation. Nous allons dans ce travail révéler la dimension identitaire de l’alimentation, en investiguant la façon dont les comportements, les habitudes et les représentations culinaires interviennent dans la construction d’une identité sociale chez l’être humain, et ce, dès le plus jeune âge. Nous analyserons la place de l’alimentation, des codes et des rituels qui l’entourent dans la socialisation de l’individu, en particulier au sein du foyer familial, mais également dans le cadre de la société. Nous éclairerons le rôle