Mes très chères Sœurs, mes très chers Frères,

Rassurez-vous, je ne vais pas prendre ce plateau pour une chaire d’histoire. Aliénor a fait couler beaucoup d’encre, elle est devenue une légende et tout a été dit sur son compte en bien comme en mal. Elle a traversé le 12e siècle de part en part dans le temps et dans l’espace. Rappelons-nous : les pays ne sont pas encore bien fixés. Nous avons un patchwork de mini régions : des duchés, des comtés et nombre de petits vassaux locaux. Les alliances se font et se défont au fil des humeurs, des mini-guerres. L’alliance la plus pacifique est celle qui se fait à travers les mariages et leurs dissolutions. Les séparations sont monnaie courante et, sur ces terres chrétiennes, le Pape est sans cesse pressé de faire des annulations de mariage. Il faut dire que le Concile de Rome de l’an 1 059 a fixé au 7ème degré la consanguinité ! Aliénor s’en est servi pour elle-même et pour nombre de ses enfants et de ses proches afin de faire passer telle ou telle terre sous l’égide des Plantagenets ou des Capétiens. Sa mère est décédée alors qu’elle n’a que 6 ou 7 ans et son père meurt sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle en avril 1 137. Trois mois plus tard, le 25 juillet, âgée de moins de 14 ans et déjà duchesse d’Aquitaine, elle épouse en la cathédrale Saint-André de Bordeaux Louis le jeune, 17 ans, fils du Roi de France, Louis VI le gros. Le 8 août, Louis le jeune est couronné à Poitiers duc d’Aquitaine. Ce duché s’étend du Poitou aux Pyrénées. Poitiers, ville principale, est la région natale d’Aliénor et le berceau de sa famille. Louis VI le gros décède dans le même temps et le couple arrive à Paris en tant que roi et reine de France. Deux filles vont naître de cette union mais, à Antioche, alors qu’ils sont en route pour la Terre Sainte, Aliénor et Louis se querellent. Le Concile de Beaugency annulera le mariage pour une parenté aux 4ème et 5ème degrés. Aliénor se réfugie dans les