Allais vive la vie
Vive la vie !
(Oeuvres anthumes)
BeQ
Alphonse Allais
Vive la vie !
La Bibliothèque électronique du Québec Collection À tous les vents Volume 257 : version 1.01
Du même auteur, à la Bibliothèque : Deux et deux font cinq Pour cause de fin de bail À se tordre L’affaire Blaireau Plaisir d’humour Faits divers
Vive la vie !
Édition de référence : Paris, Librairie Marpon & Flammarion, [1892].
AVIS AU LECTEUR
En dehors du plaisir que j’éprouve à embêter les mânes de Schopenhauer, je publie ce volume dans le but exclusif de me procurer quelques ressources. Je serai donc reconnaissant aux gens, non seulement d’acheter Vive la vie! mais encore d’en conseiller l’acquisition à leurs amis et connaissances. L’AUTEUR.
À Montjoyeux.
La fin d’une collection
On se rappelle la fâcheuse aventure de ce collectionneur d’objets macabres, funèbres et criminalistes dont la plus belle pièce – le faux col d’une victime célèbre – fut lavée, empesée, repassée par une chambrière zélée, mais peu documentaire. Pareille aventure arriva, voilà tantôt quelques années et même un peu plus, à un vieux gentilhomme que je connaissais, et qui s’appelait le marquis de Bois-Lamothe. Un rude homme dans son temps que le marquis ! Riche, solide, beau gars, inlassable trousseur de jupes, craignant pas Dieu et camarade du diable, Bois-Lamothe était la terreur de tous les maris des voisinages. Je dis des voisinages, au pluriel, car le
marquis, alors grand propriétaire foncier en même temps que nature frivole et baladeuse, changeait de voisinage comme de chemise. Hélas ! on ne peut pas être et avoir été, comme l’a si bien observé Francisque Sarcey, notre oncle à tous. Le marquis de Bois-Lamothe avait vieilli, ses anciennes bonnes amies aussi. D’hypothèques en licitations ( ?), les biens domaniaux du marquis s’étaient envolés aux quatre vents des enchères publiques. Ses écus avaient tellement sonné qu’une aphonie cruelle s’en était suivie, et tant