La question de la conscience dans le domaine de la mémoire a connu depuis les années 1980 un développement considérable dans les recherches en psychologie et en neuropsychologie. En effet, les définitions de la mémoire implicite (Graf & Schacter, 1985) et de la mémoire épisodique (Tulving, 2002), les performances normalisées obtenues par des patients cérébrolésés, ainsi que les dissociations de performances observées selon les modes de récupération, les formes d'apprentissages, ou les états de conscience des sujets, ont fortement dynamisé les recherches. Ainsi, la conception de « mémoire implicite » s’est développée en explorant les états subjectifs de conscience et les processus qui les sous-tendent. Pour cela, de nombreuses études ont utilisé des tests directs et indirects et les effets d’amorçage.
L’objet de notre étude a été d’étudier les effets d’amorçage d’associations nouvelles entre deux mots, en fonction des instructions indirectes (expérience 1) ou directes (expérience 2), des états de conscience des sujets, et des conditions de distraction et d’attention lors du test. Après avoir présenté les tâches d’amorçage et de mémoire ainsi que les principales conceptions théoriques sous-jacentes, nous exposerons les paradigmes permettant l’étude des processus d’intentionnalité et de prise de conscience, le critère d’intentionnalité de récupération de Schacter, Bowers et Booker (1989), et la méthode de dissociation de processus de Jacoby (1991) que nous avons utilisé dans les deux expériences présentées.
L'amorçage désigne le processus par lequel la présentation préalable d'un stimulus (amorce) va influencer le traitement d’un stimulus lié (cible). Cette influence peut être facilitatrice, ou non (amorçage négatif). Les stimuli amorce et cible peuvent être identiques (amorçage de répétition), ou différents et associés dans une relation de nature perceptive, phonologique, lexicale, sémantique ou conceptuelle. La situation d’amorçage est fréquemment utilisée