Amour chez spinoza
Stephane N. Ginsburgh Janvier 2004
1. Introduction L’amour est une Joie accompagnée de l’idée d’une cause extérieure Cette définition tirée de la troisième partie de l’Ethique est une des pierres de l’édifice intellectuel élaboré par Spinoza. On réalise dès lors très vite qu’il est fort difficile de parler d’un aspect particulier de cet édifice sans faire appel à l’architecture qui le sous-tend et aux lignes de force qui mènent à la conclusion finale, dont cette définition n’est qu’une étape. L’amour n’est pas une question qui se traite à part, elle découle et fait partie d’un enchaînement articulé autour d’une série d’idées fondamentales. Avant de parvenir à l’idée suprême de la béatitude qui est l’amour intellectuel de Dieu et la vertu elle-même, il nous faut établir une topologie suffisamment précise et entrer dans l’Ethique par les premières notions essentielles : Dieu, les illusions de l’homme, l’équivalence du corps et de l’esprit, les affects ou sentiments et finalement l’amour de Dieu.
2. Forme de l’Ethique La méthode adoptée par Spinoza pour l’Ethique est tout sauf traditionnelle puisqu’elle procède more geometrico, selon un mode géométrique. Pourquoi Spinoza adopte-t-il une manière aussi formelle et sévère ? Parce qu’elle est la
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condition de l’approche déductive et le fondement même du rationalisme spinoziste. Ce mode tient de la méthode mathématique, celle de géomètres qui décriraient le triangle ou le cercle (un exemple utilisé dans la deuxième partie) en recherchant sa nature et ses propriétés. Notons que quelques années auparavant déjà, Hobbes, dans une volonté de rendre la philosophie politique plus rigoureuse et poursuivant l’idéal d’une éthique démonstrative, se prononce en faveur de la géométrie comme modèle de réflexion. Dans Léviathan, il dit de la géométrie qu’elle « est la seule science que jusqu’ici il ait plu à Dieu d’octroyer à l’humanité » et que « les conclusions de