Anales de bac polynésie
Balzac au XIXe siècle et deux romanciers du XXe siècle, Proust et Cohen, présentent une vision négative et assez pessimiste de l’amour, bien qu’il repose, dans chacun de leurs romans, sur des relations et des sentiments différents. • Dans La Duchesse de Langeais, Balzac présente le couple comme le champ d’une lutte d’influence, d’une relation de pouvoir dans laquelle chacun souhaite imposer sa volonté et assouvir son orgueil, comme en témoigne le lexique de la volonté et du conflit. La première escarmouche entre les deux personnages tourne autour du verbe « je veux », répété comme un leitmotiv dans toute la scène – repris plus loin par le verbe « exiger » ou le nom
« exigences ». La notion de conflit et de domination apparaît plusieurs fois dans le texte : il est question de « céder » et la duchesse veut rester
« maîtresse » du jeu ; elle « repouss[e] » son soupirant « avec force », elle s’oppose fermement et catégoriquement à lui par un autoritaire « point » ; il est question de « conquête » ; le général « voulut s’élancer ». Balzac souligne cette rivalité par la métaphore saisissante de la « partie d’échecs ». Il semble ici que ce soit la femme qui sorte victorieuse de l’affrontement. Par ailleurs, chaque partenaire entend être « libre », « tranquille » (la duchesse parle de « libre disposition » de soi-même).
Enfin, les rapports sont froids : le ton, tout en restant apparemment très courtois et poli, est en fait souvent ironique ou moqueur (Montriveau
« ri[t] »), voire méprisant (« mépris ») et plein de « hauteur ». En somme volonté de puissance, rapports de force, indépendance et distance sont les bases de cette relation, malgré tout assez tonique. Le narrateur laisse le lecteur imaginer qui, de la duchesse ou du général, gagnera cette « partie
d’échecs