Sujet : Etude comparée d’un conte et de sa réécriture : Le Petit Poucet de Perrault et la Fugue du Petit Poucet de Michel Tournier Introduction : La fugue du Petit Poucet de Michel Tournier, extraite du Coq de Bruyère, fut écrite en 1978 dans un contexte particulier. En effet, la France est en période de crise économique suite aux chocs pétroliers (1973 et 1978) mais, parallèlement, il y a une forte urbanisation opposée à des conceptions écologiques des hippies. En plus, du contexte que l’on retrouve, cette nouvelle s’inspire du conte de Charles Perrault, Le petit Poucet écrit au XVII dans un contexte de bourgeoisie grandissante et de nouvelles valeurs sociales mises en place. Mais, bien que la Fugue du Petit Poucet fût inspirée du Petit Poucet, nous retrouvons des différences notables. Nous commencerons par voir l’inspiration mythologique/religieuse de ces deux histoires. Puis, nous nous intéresserons au renversement des valeurs instauré par Michel Tournier vis-à-vis du conte traditionnel de Perrault. Pour finir, nous verrons de quelles manières ces deux œuvres traitent le passage initiatique de l’enfance à l’âge adulte. I. Inspiration mythologique/religieuse

De nombreux contes traditionnels s’inspirent de mythes venant de l’antiquité et le petit poucet de Charles Perrault ne fait pas exception. 1. Le fil d’Ariane Le premier mythe que l’on trouve est la référence au fil d’Ariane. En effet, dans la mythologie grecque, le roi Minos, suite à la mort de son fils unique Androgée, obligeait les athéniens à lui livrer, tous les neuf ans, quatorze athéniens et athéniennes qui étaient envoyés dans le labyrinthe de Dédale qui renfermait le minotaure, un monstre mi-taureau, mi-humain. Thésée, fils du roi athénien Egée, se proposa pour faire partie des 14 athéniens livrés dans le but de tuer le minotaure. Quand il fut arrivé en Crète, Ariane, la fille de Minos s’éprit immédiatement du jeune Thésée et demanda à Dédale un moyen de sortir du labyrinthe. Ariane donna donc une