Analyse de la démarche au poème « Heureux qui, comme Ulysse… »

Dans le premier quatrain, le poète évoque le bonheur du retour dans son pays natal après un exil douloureux. Dès le début du poème est annoncée cette idée de bonheur qui est dailleurs mise en évidence dans les deux premiers vers : « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage/Ou comme cestuy-la qui conquit la toison ». « Heureux qui » est mis en valeur par sa place en début du premier vers, cette formulation à portée générale sur le bonheur incite à croire que tout voyageur revenant vivre dans son foyer natal est considéré comme heureux. Cette notion de bonheur est relevée par la comparaison avec de célèbres personnages mythologiques ce qui lui procure valorisation et grandissement. Ainsi, Ulysse est désigné de façon explicite au vers 1 tandis que le poète cherche à nous impressionner avec la périphrase qui fait référence à Jason : « cestuy-là qui conquit la toison ». En effet Du Bellay attribue à cette dernière neuf syllabes de cet alexandrin, ce qui lui assure une place de majesté dans ce second vers. L’utilisation du registre épique dans cette périphrase fait naitre chez le lecteur un sentiment d’admiration grâce au verbe « conquérir » qui accentue l’héroïsme et attire l’attention, ce qui nous permet de rester focalisé sur l’action glorieuse et non sur le personnage.
Mais c’est avant tout sur la joie du retour que le poète veux insister dans les deux derniers vers de ce quatrain : « Et puis est retourné, plein d’usage et raison/Vivre entre ses parents le reste de son âge ». Grâce au double connecteur « et puis » placé au début du troisième vers, Du Bellay montre que le raisonnement entamé dans les deux premiers vers avec l’évocation du voyage n’était pas achevé et que c’est justement avec les vers 3 et 4 qu’il le complète.
L’idée de retour est explicitement formulée, « est retourné » ; suivi par deux termes à connotation positive : « usage » et « raison » traduisant sagesse et