analyse du titre de "une tête bien faite plutôt qu'une tête bien pleine" de Montaigne, Essais
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Comment sont liées mémoire et intelligence ? Peut-on être intelligent sans avoir une bonne mémoire ? Ces questions font débat depuis longtemps, sans doute parce qu’aucune de ces deux notions n’a jamais trouvé de définition unique et constante. Dans son Traité de la mémoire et de la réminiscence, Aristote définit la mémoire comme « la présence dans l’esprit de l’image » ; selon lui, elle porte sur l’expérience et non sur la raison. Jusqu’à la Renaissance, la mémoire est considérée comme le socle des aptitudes de l’esprit. C’est sans doute pourquoi les maîtres à penser aimaient à exhiber leur mémoire des textes appuyée sur les rimes et les pieds de la poésie, ou sur d’autres procédés mnémotechniques, comme « Mon Vieux, Tu M’as Jeté Sur Une Navette » permet de retenir les noms et l’ordre des planètes. Dès le milieu du XVe siècle, le rapport entre mémoire et intelligence évolue. L’imprimerie permet désormais de stocker et de diffuser largement d’abondants savoirs. Plus question d’en ingurgiter mécaniquement : il faut apprendre en raisonnant ! Montaigne écrit « une tête bien faite vaut mieux qu’une tête bien pleine » ; Descartes explique que le raisonnement est la forme la plus noble de l’esprit. La mémoire et l’intelligence deviennent ensuite des objets de science. Par exemple, le psychologue allemand Hermann Ebbinghaus entreprend en 1885 de mesurer la mémoire. Il apprend 163 séries de 13 syllabes et compte celles dont il se souvient après une heure ou un mois ; il formalise ainsi l’oubli comme une fonction du temps. On distingue peu à peu différents processus de mémorisation ; la notion de mémoire perd son unité. Celle d’intelligence connaît également une dislocation, en étant associée à des facultés très diverses, non seulement de raisonnement (compréhension, déduction, résolution de problèmes) mais aussi de perception, d’intuition, d’adaptation, de créativité... Selon le psychologue Alain Lieury, l’intelligence demeure privilégiée dans notre société et la mémoire