Analyse poeme les Aveugles
Contemple-les, mon âme; ils sont vraiment affreux!
Pareils aux mannequins; vaguement ridicules;
Terribles, singuliers comme les somnambules;
Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.
Leurs yeux, d'où la divine étincelle est partie,
Comme s'ils regardaient au loin, restent levés
Au ciel; on ne les voit jamais vers les pavés
Pencher rêveusement leur tête appesantie.
Ils traversent ainsi le noir illimité,
Ce frère du silence éternel. ô cité!
Pendant qu'autour de nous tu chantes, ris et beugles,
Éprise du plaisir jusqu'à l'atrocité,
Vois! je me traîne aussi! mais, plus qu'eux hébété,
Je dis: que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles?
1ère analyse
Les Aveugles apparaissent dans les Fleurs du Mal après les Sept Vieillards et les Petites Vieilles. Les trois pièces font défiler de grotesques marionnettes auprès desquelles Baudelaire cherche une paix fraternelle. Car les aveugles sont les hommes en général. Tous sont plongés dans une nuit atroce, celle de l'esprit ou celle du corps, incapables de rejoindre le pays natal, éternellement solitaires. Et la ville qui hurle autour d'eux est perdue comme ils sont perdus en elle.
QUATRAINS I et II
Vers 1-4
“contempler”, c'est regarder avec une attention méditative. L'âme est donc conviée à réfléchir sur ce spectacle douloureux qui va éclairer le drame intérieur du poète. Il s'agit des “aveugles”, mais pour ménager un effet, le terme n'apparaîtra qu'à la dernière rime du sonnet.
“ils sont vraiment affreux” : cette appréciation violente, qui choque notre pitié, traduit le sentiment de l'auteur devant la démarche étrange de ces êtres inadaptés qui semblent chercher ailleurs.
Pour le poète, l'horreur peut avoir sa beauté et c'est ici un cri d'amateur qui va analyser ce spectacle singulier.
Le rythme est celui d'une prose dramatique, disloquée et expressive. Baudelaire voit le côté grotesque de cette démarche mécanique, avant de noter la gêne indéfinissable qui nous empêche