Analyse de Ruy Blas, Acte I scène 3 (v. 420 à 440)

Problématique : Quels sont les caractéristiques du héros romantique ?

Introduction :
Ruy est le titre que l’on donne aux nobles et Blas est le surnom du pauvre. Le nom même suggère un déchirement entre noble et ignoble (basse condition) qui traduit l’opposition entre les inspirations nobles de cet homme et sa condition de laquais. Dans cette scène Ruy Blas dévoile ses sentiments pour la reine et son désir de devenir quelqu’un d’autre. Le contexte est une confrontation entre Ruy Blas et Don César, deux anciens amis qui se retrouvent dans la maison de Don Sallustre, l’un est le laquais de celui-ci et l’autre en est le cousin. L’extrait constitue une tirade, à peine interrompu par un hémistiche de Don César.
Nous analyserons ces alexandrins pour montrer quels sont les caractéristiques du héros romantique. Pour y répondre, nous montrerons que le personnage vit une passion amoureuse exaltée, et que cette passion a des accents tragique.

I. Les accents lyriques : une passion amoureuse exaltée :
1. L’émotivité de la tirade :

Les didascalies : « avec emportement », « tombant épuisé et pâle sur le fauteuil » relève la souffrance, le dilemme, la passion. Les marques du lyrisme sont traduites par le type de phrases exclamatives, interrogatives (v. 420, 424, 427, 429, 434, 435, 436, 440) ; aussi par la syntaxe perturbée (v. 432, 429) ; par les phrases nominales enchaînées, les phrases commencé et inachevé, le changement de thème ; par les interjections « Oh ! Mon âme ! », « Ô rage ! » (v. 428, 421)

2. Une conception romantique de l’amour :

Le constat de la douleur : on relève au vers 434 le terme « agonie » et au vers 437 « je souffre » : cette douleur confine à la folie ; au vers 436 « je l’aime follement », au vers 439 « ce misérable fou ». Un amour absolu qui s’exprime par la récurrence du pronom qui renvoi à la femme aimé : vers 428 « près d’elle », vers 429 « pour elle