Andromaque
Les premiers mots de Pyrrhus à Andromaque : une interrogative qui tend à prouver que Pyrrhus aimerait prendre ses désirs pour des réalités."Un espoir si charmant me serait-il permis ?". Le vers est célèbre pour la galanterie qu'il affiche et, à vrai dire, sonne un peu comme un lieu commun, une question un peu ridicule.A moins qu'il ne s'agisse d'ironie.
ANDROMAQUE Je passais jusques aux lieux où l'on garde mon fils.Puisqu'une fois le jour vous souffrez que je voieLe seul bien qui me reste et d'Hector et de Troie,J'allais, Seigneur, pleurer un moment avec lui :Je ne l'ai point encore embrassé aujourd'hui.
Elle est digne, Andromaque qui rappelle qu'elle est avant tout la mère d'Astyanax et la veuve d'Hector.Et, franchement, cela serait étonnant qu'elle pensât alors au marivaudage et ses paroles sont propres à refroidir le trop galant Pyrrhus et à le faire réfléchir sur la meilleure façon de séduire Andromaque : ne l'autoriser à voir son fils qu'une fois par jour n'est certainement pas le meilleur moyen.On n'aime jamais que ce qui est aimable.
PYRRHUSAh ! Madame, les Grecs, si j'en crois leurs alarmes,Vous donneront bientôt d'autres sujets de larmes.
ANDROMAQUE Et quelle est cette peur dont leur coeur est frappé,Seigneur ? Quelque Troyen vous est-il échappé ?
Non seulement Andromaque est glaciale mais de plus elle est ironique.En opposant le syntagme "quelque Troyen" à la coalition des princes grecs, Andromaque rappelle que Troie a résisté dix ans aux assauts des Grecs et qu'il a fallu toute la ruse d'Ulysse pour venir à bout de l'orgueil de la cité d'Hector. L'assonance "peur", "leur coeur", "Seigneur" répond comme moue moqueuse aux nuages lourds des mots "alarmes" et "larmes".PYRRHUSLeur haine pour Hector n'est pas encore éteinte.Ils redoutent son fils.Pyrrhus ne cache pas la vérité à Andromaque ; il est vrai que l'hostilité des Grecs peut lui permettre de se situer en tant que