Andromaque
SCAPIN. - Bonjour. Viens là. (Doucement.) J'ai quelque chose à te raconter.
VALET. - Ah oui ? Racontes donc moi tout.
SCAPIN. - Et bien voilà. Tout à l'heure, j'ai fais un mauvais coup au vieux Géronte.
VALET. - Ah bon ? Et qu'est-ce que c'est ?
SCAPIN. - Je lui ai fais croire qu'il était poursuivi par un spadassin.
VALET. - Mais, comment as-tu fais cela ?
SCAPIN. - Je lui ai dis de se mettre dans un sac pour se cacher et de ne pas sortir. Comme ceci regarde. (Prenant un sac.) Tiens, glisse-toi dedans que je te montre.
VALET. - Mais ce n'est point trop risqué ?
SCAPIN. - Mais non ! Pas du tout. Aller, rentre et ne sors pas ta tête.
VALET. - D'accord. Et ensuite ?
SCAPIN. - Ensuite j'ai contrefais ma voix à celle d'un spadassin. Comme ceci : "Quoi? Jé n'aurai pas l'abantage dé tuer cé Géonte, et quelqu'un par charité né m'ensegnera pas où il est?"
VALET. - Qu'as-tu donc fais ?
SCAPIN. - J'ai repris ma voix initiale et je me suis défendu contre le spadassin imaginaire. Mais celui-ci m'a donc donné des coups de bâton. (Il prend un bâton et frappe sur le sac.)
VALET. - Aïe! Aïe! Arrête donc cela.
SCAPIN. - (Continuant à donner des coups de bâtons sur le sac.) Mais voyons, c'est sur mes épaules que je frappe. Je ne comprend donc point pourquoi tu fais tout cela.
VALET. - Aïe! Arrêtes cette masquarade. Je n'en puis plus! (Essayant de sortir du sac.)
SCAPIN. - (Retrant la tête du valet dans le sac brusquement.) Mais attends, ce n'est point fini.
VALET. - Arrêtes tout cela! (Il sort du sac.) Pourquoi fais-tu donc cela?
SCAPIN. - Je ne reproduis que la scène telle qu'elle a été.
VALET. - Tu n'étais point obligé de la reproduire. Juste me la décrire.
SCAPIN. - Nenni, ceci me parraisait bien plus réel. Et maintenant je souffre d'une douleur atroce aux épaules.
VALET. - Comment? C'est sur les miennes que tu as frappé!
SCAPIN. - C'est bien sur les miennes que j'ai frappé.Regardes ces marques rouges. (Montrant ses