Annales sur l'autobiographie. theme : la maison d'enfance
Je m'éveillai, c'était la maison natale
L'écume s'abattait sur le rocher,
Pas un oiseau, le vent seul à ouvrir et fermer la vague,
L'odeur de l'horizon de toutes parts,
Cendre, comme si les collines cachaient un feu
Qui ailleurs consumait un univers.
Je passai dans la véranda, la table était mise,
L'eau frappait les pieds de la table, le buffet.
Il fallait qu'elle entrât pourtant, la sans-visage
Que je savais qui secouait la porte
Du couloir, du côté de l'escalier sombre, mais en vain,
Si haute était déjà l'eau dans la salle.
Je tournais la poignée, qui résistait,
J'entendais presque les rumeurs de l'autre rive,
Ces rires des enfants dans l'herbe haute,
Ces jeux des autres, à jamais les autres, dans leur joie. "Les planches courbes" Yves Bonnefoy - poésie Gallimard
La Bastide Neuve Marcel Pagnol
"Alors commencèrent les plus beaux jours de ma vie. La maison s'appelait La Bastide Neuve, mais elle était neuve depuis bien longtemps. C'était une ancienne ferme en ruine, restaurée trente ans plus tôt par un monsieur de la ville, qui vendait des toiles de tente, des serpillières et des balais. Mon père et mon oncle lui payaient un loyer de 80 francs par an (c'est-à-dire quatre louis d'or), que leurs femmes trouvaient un peu exagéré. Mais la maison avait l'air d'une villa - et il y avait "l'eau à la pile" : c'est-à-dire que l'audacieux marchand de balais avait fait construire une grande citerne, accolée au dos du bâtiment, aussi large et presque aussi haute que lui : il suffisait d'ouvrir un robinet de cuivre, placé au-dessus de l'évier, pour voir couler une eau limpide et fraîche (...).
Il y avait aussi, au rez-de-chaussée, une immense salle à manger (qui avait bien cinq mètres sur quatre) et que décorait grandement une petite cheminée en marbre véritable.
Un escalier, qui faisait un coude, menait aux quatre chambres du premier étage. Par un raffinement moderne les fenêtres de ces chambres étaient munies,