Annie ernaux le pere
La Place, est une œuvre qu’Annie Ernaux a consacrée à la personne de son père.
L’auteure nous y présente une série des portraits de son père; elle nous décrit en détails sa vie, ses habitudes, les étapes de son évolution personnelle, professionnelle et sociale. L’image de son père qui surgit du récit est entièrement positive même si les descriptions de sa personne sont fortement réalistes et parfois même choquantes. On y voit un homme simple qui se caractérise par la sagesse vitale, le respect des valeurs et une certaine modestie en contact avec les autres; un homme qui s’est retrouvé dans son existence à lui, qui a reconnu l’appartenance à sa classe sociale, et qui est prêt à faire des sacrifices pour rendre sa fille heureuse.
Mais, malgré ce portrait positif, les relations entre le père et la fille sont marquées par l’absence de compréhension, une certaine froideur et distance :
« Je voulais dire, écrire au sujet de mon père, sa vie, et cette distance venue à l’adolescence entre lui et moi. »
Alors, en assurant à sa fille une bonne éducation, la possibilité du développement intellectuel et personnel ainsi que l’opportunité d’avoir une meilleure vie, le père s’est séparé d’elle par le mur divisant la société en classes. C’est grâce à lui, que sa fille a quitté sa classe d’origine.
C’est à ce temps-là où la présence du père devient plutôt symbolique ou « fictive ». Physiquement, il existe toujours dans la vie de sa fille, mais l’éloignement, l’incompréhension, l’aliénation et l’absence de complicité déterminent leurs rapports réciproques :
« Je pensais qu’il ne pouvait plus rien pour moi. […] J’écris peut-être parce qu’on n’avait plus rien à se dire. »
Vu la divergence de leurs intérêts et la manière de percevoir le monde, le père perd l’autorité parentale et son rôle devient plutôt minimalisé. Il n’est plus pour sa fille ni guide, ni soutien, ni autorité intellectuelle. Sa présence