Anthologie francais sur carpe diem
Pierre Corneille (1606-1684)
2)"Marquise, si mon visage...", 1658 Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu'à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux. Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire un affront:
Il saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front. Le même cours des planètes
Règle nos jours et nos nuits:
On m'a vu ce que vous êtes;
Vous serez ce que je suis. Cependant j'ai quelques charmes
Qui sont assez éclatants
Pour n'avoir pas trop d'alarmes
De ces ravages du temps. Vous en avez qu'on adore;
Mais ceux que vous méprisez
Pourraient bien durer encore
Quand ceux-là seront usés. Ils pourront sauver la gloire
Des yeux qui me semblent doux,
Et dans mille ans faire croire
Ce qu'il me plaira de vous. Chez cette race nouvelle,
Où j'aurai quelque crédit,
Vous ne passerez pour belle
Qu'autant que je l'aurai dit. Pensez-y, belle Marquise;
Quoiqu'un grison fasse effroi,
Il vaut bien qu'on le courtise
Quand il est fait comme moi.
3)Non, ton éternité
Non, ton éternité d’inconscience obscure,D’aveugle impulsion, de mouvement forcé,Tout l’infini du temps ne vaut pas, ô Nature !La