Anthologie saisonx
Octobre est doux. — L'hiver pèlerin s'achemine
Au ciel où la dernière hirondelle s'étonne.
Rêvons... le feu s'allume et la bise chantonne.
Rêvons... le feu s'endort sous sa cendre d'hermine.
L'abat-jour transparent de rose s'illumine.
La vitre est noire sous l'averse monotone.
Oh ! le doux « remember » en la chambre d'automne,
Où des trumeaux défunts l'âme se dissémine.
La ville est loin. Plus rien qu'un bruit sourd de voitures
Qui meurt, mélancolique, aux plis lourds des tentures...
Formons des rêves fins sur des miniatures.
Vers de mauves lointains d'une douceur fanée
Mon âme s'est perdue ; et l'Heure enrubannée
Sonne cent ans à la pendule surannée...
Albert Samain, Au jardin de l'Infante, 1893
COMMENTAIRES
Albert Samain, né à Lille le 3 avril 1858, mort à Magny-les-Hameaux le 18 août 1900, est un poète symboliste français.
Biographie de l'auteurA la mort de son père il n'avait que quatorze ans et parti vivre à Paris où il travailla à l'Hôtel de ville. Il avait toujours eu une passion pour la poésie et sa vie à Paris lui permettait de fréquenter plusieurs cercles littéraires.
Fortement influencé par Baudelaire, il publia en 1893 son recueil « Au jardin de l'Infante »1 qui fut un succès immédiat. Ses textes sont caractérisés par une mélancolie et une sensibilité extrême et par une forme parfaite.
A la mort de sa mère en 1899, Albert Samain parti vivre chez son ami Raymond Bonheur à Magny-les-Hameaux. Il y passa ses derniers jours et mourut de la phtisie après quelques mois seulement.
Samain a beaucoup influencé la poésie des années 1890 et ses poésies furent réimprimées de nombreuses fois bien après sa mort. Ses textes furent une grande source d'inspiration pour de nombreux poètes mais aussi pour de grands musiciens.2
Ce sonnet d'Albert Samain compose son œuvre majeure : Au jardin de