Anthologie sur le thème de l'hiver
L'Hiver, une saison poétique
- Francis Etienne Sicard, Odalisques, Campanile d'hiver, 1975
- Paul Verlaine, Romances sans paroles, Dans l'interminable…, 1874
- François Coppée, Décembre
- Emile Verhaeren, Les 12 mois, Décembre
- Guillaume Apollinaire, Alcools, La blanche neige, 1913
- Charles Cros, Le coffret de santal, Les Quatre saisons-L'Hiver,
- Pierre de Ronsard, Derniers vers, Meschantes nuicts d'hyver
- Théophile Gautier, Noël
- Guy de Maupassant, Des vers, Nuit de neige
- Émile Verhaeren, Les Flamandes, En hiver
- Charles-François Daubigny, Une scène de neige
Campanile d'hiver
La vigne endolorie sous le poids des nuages,
Pareille au clapotis des barques enchaînées,
Gémit, pleure et s’éteint comme un brasier mouillé
Par la rage du ciel et son gravier d’outrages.
Les lavoirs de soleil et leurs lourds sarcophages
Ruissellent de tumeurs aux couleurs bigarrées,
Comme si leur destin se tissait sous les dès
De gouttes détachées d’un suaire sauvage.
Seule, morne et feutrée, une cloche d’airain
Sonne un glas parfumé d’une douce beauté
Dont le silence boit la mélodie sans fin.
Or la vigne endurcie, comme un oratorio,
Fugue le long de mots brillants de nouveauté,
Que ce poème joue sur un pas d’adagio.
Francis Étienne Sicard
Dans l'interminable...
Dans l’interminable
Ennui de la plaine,
La neige incertaine
Luit comme du sable.
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune,
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.
Comme des nuées
Flottent gris les chênes
Des forêts prochaines
Parmi les buées.
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.
Corneille poussive
Et vous, les loups maigres,
Par ces bises aigres
Quoi donc vous arrive ?
Dans l’interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable.
Paul Verlaine
Décembre
Le hibou parmi les décombres
Hurle, et Décembre va finir ;
Et le douloureux souvenir
Sur ton coeur jette encor ses ombres.
Le