Anthologie
Janvier pour dire à l’année « bonjour »
Février pour dire à la neige « il faut fondre »
Mars pour dire à l’oiseau migrateur « reviens »
Avril pour dire à la fleur « ouvre-toi »
Mai pour dire « ouvriers nos amis »
Juin pour dire à la mer « emporte-nous très loin »
Juillet pour dire au soleil « c’est ta saison »
Août pour dire « l’homme est heureux d’être homme »
Septembre pour dire au blé « change-toi en or »
Octobre pour dire « camarades la liberté »
Novembre pour dire aux arbres « déshabillez-vous »
Décembre pour dire à l’année « adieu, bonne chance. »
Et douze mois de plus par an, mon fils,
Pour te dire que je t’aime.
Alain Bosquet
La pendule
Je suis la pendule, tic !
Je suis la pendule, tac !
On dirait que je mastique
Du mastic et des moustiques
Quand je sonne et quand je craque,
Je suis la pendule, tic !
Je suis la pendule, tac !
J'avance ou bien je recule,
Tic−tac, je suis la pendule,
Je brille quand on m'astique,
Je ne suis pas fantastique,
Mais je sais l'arithmétique,
J'ai plus d'un tour dans mon sac,
Je suis la pendule, tic!
Je suis la pendule, tac!
Pierre Gamarra
Chaque heure …
Chaque heure te précède
Et t’ouvre le chemin.
Tu mets sans le savoir
Tous tes pas dans les siens.
Chaque heure t’accompagne
Et veille de ton côté,
Mais à peine apparue
Elle va te quitter.
Chaque heure n’est jamais
Que l’ombre qui te suit.
Elle efface ton pas
Et retourne à la nuit.
Pierre Gabriel
La patience
Dans les cartes à jouer abattues sous la lampe comme les papillons écroulés poussiéreux, à travers le tapis de table et la fumée, je vois ce qu’il vaut mieux ne pas voir affleurer lorsque le tintement de l’heure dans les verres annonce une nouvelle insomnie, la croissante peur d’avoir peur dans le resserrement du temps, l’usure du corps, l’éloignement des défenseurs.
Le vieil homme écarte les images passées et, non sans réprimer un tremblement, regarde la pluie glacée pousser la porte du