Anthologie
René CHAR (la parole en Archipel)
La jument familière
A Maurice GENEVOIX Une grande jument morte Qui galope dans mes nuits. Ce n'est pas un cauchemar Mais un soupir de l'enfance. Une grande jument blanche, Grave, douce et débonnaire, Dans un silence de tonnerre Passe entre les haies en fleurs. Mon grand-père tient les rênes, Chapeau melon sur les yeux. La fumée des cigarettes Monte droit dans le soir bleu. Buissons fleuris d'amertume… La rivière parle bas; Le village dort au son des enclumes, Puis s'allume, feu par feu. Mais voici, mangée de pluie, Mangée de neige et de vent La grande nuit intérieure Où je me penche souvent, Où la jument trotte l'amble … Grande et douce jument morte Qui fut de notre famille Et qui finit humblement.
Maurice FOMBEURE
Le petit cheval dans le mauvais temps Qu’il avait donc du courage C’était un petit cheval blanc Tous derrière et lui devant
Il n’y avait jamais de beau temps Dans ce pauvre paysage Il n’y avait jamais de printemps Ni derrière ni devant
Mais toujours il était content Menant les gars du village A travers la pluie noire des champs Tous derrière et lui devant
Sa voiture allait poursuivant Sa belle petite queue sauvage C’est alors qu’il était content Tous derrière et lui devant
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