Anthropologie de la parenté
L’Anthropologie de la parenté : au-delà de l’ethnographie ?
Résumé
J’explore dans cet article la place de l’ethnographie dans l’anthropologie actuelle de la parenté. Alors qu’une sorte d’"immersion totale" était supposée être la condition sine qua non à l’ère des études anglophones classiques de la parenté, une partie des travaux récents sur la parenté semble moins totalement enracinée dans l’ethnographie. J’oppose ici des travaux issus de l’âge d’or de l’anthropologie de la parenté vers le milieu du vingtième siècle au regain d’intérêt récent pour la parenté, en posant la question de la méthode qu’emploient ces nouveaux travaux sur la parenté et des modèles disciplinaires qui les inspirent. Illustrant une telle opposition à partir de mon propre travail, sur la parenté malaise tout d’abord, puis sur les retrouvailles d’adoptés et de leurs familles biologiques en Écosse, j’avance l’idée que ce qu’on pourrait définir comme un éloignement partiel de l’ethnographie a émergé d’une démarche anthropologique répondant de plus en plus à des problématiques précises. Une combinaison de matériaux d’entretiens et d’analyses textuelles est alors utilisée pour illustrer des thèses souvent préétablies avant le début de l’enquête proprement dite. L’utilisation de l’ethnographie pour fournir des illustrations à certaines thèses implique alors un type d’anthropologie différent de celui dans lequel l’ethnographie a un rôle plus directement descriptif, tout en étant considérée comme un but en soi. Dans la partie finale de l’article, j’essaie de dépasser cette dichotomie trop grossièrement esquissée ici pour m’intéresser à certaines trajectoires ethnographiques émergentes en anthropologie de la parenté.
Abstract
This article is an exploration of the place of ethnography in the recent anthropology of kinship. Whereas “total immersion” was regarded as an essential requisite in the classic era of Anglophone kinship studies, some of the more recent work in this area