Anthropologie
Introduction
Le plus ancien désir humain est de voir ce que cache la nature, ou dit autrement : la plus vieille certitude humaine c’est que la nature dissimule plus de choses qu’elle n’en laisse apparaître. L’humain a donc un désir immémorial de voir ce qu’il y a derrière. Le visible de la nature voile de l’invisible. C’est cet invisible que tentent de montrer les images, de Lascaux à Yves Klein. De ce point de vue, toute image est l’expression de notre condition d’Homme, à savoir un être-pour-l’autre. Si l’Homme croît se voir physiquement dans un miroir, il se regarde toujours métaphysiquement dans une image, car le sens de notre condition y est toujours engagé. Mais ce sont plutôt les images qui nous regardent c'est-à-dire que nous les produisons pour nous sentir regardés par elle. Le mythe de Narcisse étant là pour nous rappeler que même un reflet est également une image, c'est-à-dire un double, c'est-à-dire une intrusion de l’autre qui sépare le même en deux parts inégales. Quelles sont ces deux parts inégales ?
Toutes les sociétés humaines font la distinction entre le visible et l’invisible et toutes acceptent la supériorité du visible sur l’invisible. Les images peintes ou sculptées, celles que nous appelons aujourd’hui de l’art, ces images ont été pendant des milliers d’années des objets de culte, c'est-à-dire qu’on ne les regardait pas comme des formes belles ou pas, on leur rendait hommage, on déposait devant elle des offrandes, on les priait, etc. Aujourd’hui nous parlons d’art rupestre, d’art Grec, d’art Égyptien, mais pour ces peuples il n’y avait pas d’art, seulement des objets ou des images qui remplissaient une fonction religieuse, c'est-à-dire également politique. Par exemple le mot Grec que nous traduisons par art se dit « techné ». La techné est l’acte par lequel on fabrique la statut du Dieu mais tout autant celui par lequel on réalise une simple table.
Définition minimale de l’artiste depuis Giotto (18è s.) :