Argent bonheur
Rappel du sujet :
"Si donc quelqu’un se sent gouverné par l’argent, qu’il ne cherche pas loin de luimême
; il remarquera que c’est lui qui, de ses propres mains, tient le bout de la chaîne ; c’est qu’il aime l’argent." ALAIN, Propos d’économique, LXXXVIII "Ma grande objection à l’argent", 1er mars 1934, Paris,
Gallimard, 1934.
L'auteur :
Philosophe français (1868 1951),
Alain a enseigné la philosophie en province puis à Paris au lycée
Henri IV où il a eu pour élèves de khâgne Raymond Aron, Simone Weil et Georges Canguilhem. Il est surtout connu pour ses engagements pacifistes et antifascistes.
A partir de 1903, Alain a publié dans le journal La Dépêche de Rouen et de Normandie des chroniques hebdomadaires puis quotidiennes appelées "Propos" qui paraitront en volume entre 1906 et 1914.
La citation qui nous était soumise est extraite de l'un de ces propos intitulé "Ma grande objection à l'argent" dont le texte intégral vous est fourni en annexe. Le ton est donné par le titre : ce propos d’Alain est une critique politique de l’argent. On pourrait dire qu’il s’oppose au fameux slogan qu’on attribue à Guizot (17871874)
: « Enrichissezvous
». Alain s'y livre à un véritable brulot, affirmant "l'argent est bête" et faisant l'éloge de la pauvreté, seule condition de l'intelligence selon lui. Analyse des termes du sujet :
Relevons pour commencer la métaphore qui est au coeur de la citation, celle de la chaîne. Nous retrouvons l'image déjà analysée à propos de l'extrait de l'Utopie de Thomas More étudié dans le cours d'introduction :
..."ils [les utopiens] laissaient passer sans la moindre révérence les ambassadeurs euxmêmes qu'ils croyaient des esclaves à cause de leurs chaînes d'or.", "D'autres critiquaient ces chaînes d'or, disant qu'elles ne pouvaient servir à rien, si fragiles qu'un esclave les romprait aisément, si lâches qu'il s'en débarrasserait dès qu'il en aurait envie, pour