Argumentation indirecte
L’ironie est une arme essentielle de la stratégie argumentative parce qu’elle rend le récepteur complice, qu’elle l’oblige à parcourir la moitié du chemin dans l’adhésion à la thèse. L’opinion se dissimule en effet derrière une formulation strictement inverse ; aussi le lecteur doit-il être attentif et réagir aux indices qui la lui indiquent :
* une logique absurde : elle consiste à relier une cause donnée et une conséquence sans rapport avec elle. L’absurdité marquée de cette relation doit heurter le lecteur. Par exemple, Montesquieu, dénonçant le racisme primaire s’exprimait ainsi : "[Les nègres] ont le nez si écrasé qu’il est presque impossible de les plaindre". * la caricature poussée jusqu’au cynisme : le lecteur est averti par l’énormité du propos ou son caractère franchement ignoble. Montesquieu : "Le sucre serait trop cher si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves."
* l’antiphrase : c’est le procédé essentiel. Il s’agit ici de juger un phénomène à l’inverse de ce qu’on attendrait. Devant les gribouillis d’un apprenti écrivain, le critique va encenser le « caractère admirable » de la production. Comme le compliment est public, forcé par l’exagération et le ton, il ne laisse aucun doute sur les intentions de celui qui le prononce au point que le récipiendaire5 en est souvent marqué à vie.
# La rhétorique est une véritable « logique des sentiments ». Ses images marquent, séduisent, s’immiscent dans l’inconscient du destinataire. "Fumer, c’est se consumer un peu plus chaque jour". Les slogans, les titres