.Le terme « animal » s’emploie en un sens large, où il désigne tout ce qui dans l’ensemble du vivant s’oppose au règne végétal, et en un sens restreint, où il désigne tout ce qui appartient au règne animal à l’exception de l’espèce humaine. Ce double sens est révélateur de l’ambiguïté qui caractérise les rapports de l’homme et de l’animal : l’homme peut être compris comme une sous-classe de la classe plus large « animal », ou comme un ensemble opposé à un autre ensemble constitué par les animaux. « Distinguer » peut donc signifier opposer l’humanité à l’animalité, ou accorder à l’homme une place particulière au sein du monde animal. De la manière dont on conçoit ce rapport dépend alors la conception et la définition de l’humanité. Qu’est ce qui peut rendre légitime que l’espèce humaine se définisse contre son appartenance au règne animal, que cette définition repose sur ce qui est le propre de l’homme à l’exclusion de toute autre espèce ? Cette démarche n’est-elle pas le fruit d’une prétention qui coupe l’homme de son origine et de son appartenance biologiques ? Nous verrons dans un premier temps que nous pouvons accorder une légitimité à la distinction, au sein du règne animal, entre l’essence de l’homme et celle des autres animaux, avant de montrer en quoi il peut être légitime de définir l’homme en dehors du règne animal. Nous nous interrogerons alors sur le fondement de la légitimité morale de cette distinction.
Le terme « animal » s’emploie en un sens large, où il désigne tout ce qui dans l’ensemble du vivant s’oppose au règne végétal, et en un sens restreint, où il désigne tout ce qui appartient au règne animal à l’exception de l’espèce humaine. Ce double sens est révélateur de l’ambiguïté qui caractérise les rapports de l’homme et de l’animal : l’homme peut être compris comme une sous-classe de la classe plus large « animal », ou comme un ensemble opposé à un autre ensemble constitué par les animaux. « Distinguer » peut donc signifier opposer l’humanité à