Art et essence
L’être et l’essence sont au même endroit logique source. L’essence est ce sans quoi disparait la chose dont elle est l’essence, et l’être à déterminer est un vécu qui se place en source d’une fonction. Être et essence, ce n’est pas la même chose : l’être sera ici l’existence, dont l’essence est la tension, le mélange plutôt que le pur et le calme, et qui renvoie à des manifestations d’être : nausée, crainte, etc. « L’être est simplement la condition de tout dévoilement » : il permet de dévoiler sans être dévoilé, il tient dans l’intériorité que cache un visage impassible. L’être dévoile autant le phénomène subjectif que l’objet sensible et intelligible. Une conscience-tension « n’a pas de contenu », elle n’est jamais neutre, « il faut renoncer à ces "données" neutres ». L’être d’existence a une tension qui n’est pas un ensemble qui inclut ses éléments résultats. Toute existence existe comme conscience et toute conscience existe comme existence, ouverture sur le monde ou considération de soi. La conscience du Dasein est la condition nécessaire pour que l’être y tienne, l’essence pure étant la condition suffisante pour que la tension y prenne corps.
L’ensemble « objet-essence » fait un tout organisé : l’essence n’est pas dans l’objet, elle est le sens de l’objet, la raison de la série d’apparitions qui le dévoilent. Mais l’être n’est ni une qualité de l’objet saisissable parmi d’autres, ni un sens de l’objet.
Sartre, L’être et le néant, [II Le phénomène d’être et l’être du phénomène], Tel Gallimard, 1943, page 15.
« On peut toujours fixer une essence que [des qualités] impliquent », par exemple la surface de la couleur, la particularité de l’odeur, la généralité de l’élément, etc. Leur tout organisé est leur indissociable association mais pas l’inclusion. L’essence est le sens de l’objet comme le x est celui de ((x) : si l’objet est coloré, c’est en réalité sa surface qui l’est. Selon le schéma de la correspondance, on ne peut pas