Art et technique
Introduction
Demander si l’on reconnaît l’artiste à son savoir-faire, c’est interroger la pertinence du savoir-faire comme critère de distinction d’un artiste et de l’art en général. On met parfois en avant le savoir-faire d’un artiste, un sens aigu de la couleur, ou une grande économie de moyens, comme caractéristiques permettant de reconnaître son travail. Mais quel est le sens de cette reconnaissance ? Il semble qu’elle soit double : le savoir-faire permettrait à la fois d’identifier et d’évaluer un artiste. Le savoir-faire est-il donc le critère essentiel de l’évaluation d’un artiste ? Si c’est le cas, ne faut-il pas en conclure que c’est ce même critère qui caractérise les beaux-arts en général ? En effet, si le savoir-faire permet de reconnaître l’artiste en tant qu’artiste, alors c’est qu’il intervient de manière essentielle dans la définition même de l’art. Or, la difficulté réside dans le fait que le savoir-faire apparaît également comme un critère d’évaluation de l’artisan ou du technicien. D’où le problème : comment distinguer les beaux-arts des productions techniques en général si leur critère d’évaluation est identique ? Il importe donc d’examiner et de penser le statut réel du savoir-faire dans l’art.
1. Oui, on reconnaît l’artiste à son savoir-faire
A. Le savoir-faire permet d’identifier un artiste ou un courant artistique
Si le savoir est à lui-même sa propre fin, le savoir-faire s’en distingue en ce qu’il est entièrement tendu vers sa finalité, qui est de produire. C’est un savoir qui mobilise à la fois des connaissances théoriques et des connaissances pratiques : il implique d’une part la connaissance des règles techniques de production et d’autre part une certaine expérience, voire une certaine habileté dans la mise en oeuvre de ces règles. La plus ou moins grande maîtrise dans le savoir-faire est donc toujours particulière à un producteur donné.
Cette particularité permet de caractériser un