La FIAC s'est achevée dimanche, et le petit milieu de l'art contemporain a quitté Paris... Milieu microscopique, certes, mais dans lequel certains individus pèsent d'un poids énorme. Le magazine Art Review vient de publier son top 100 des personnalités les plus influentes du monde de l'art, le Power 100. En tête, non pas un artiste, un galeriste ou un collectionneur, mais un curateur (aka commissaire d'exposition), le Suisse Hans Ulrich Obrist, 41 ans, qui débuta sa carrière au Musée d'Art moderne de la Ville de Paris au début des années 90 et dirige aujourd'hui la Serpentine Gallery de Londres. Pour subjective qu'elle soit, cette première place indique le rôle éminent que tiennent depuis quelques années les curateurs dans les sphères d'influence de l'art, remplaçant les critiques (fonction souvent également remplie par les curateurs) — particulièrement absents de ce classement (Roberta Smith, éminente critique du New York Times depuis plus de 20 ans, n'est qu'à la 61e place...). Sur le podium, on trouve le directeur du MoMA, Glenn Lowry, et celui de la Tate, Nicholas Serrota, suivis de près par le galeriste Larry Gagosian et les collectionneurs François Pinault et Eli Broad. Les premiers artistes, le trio Anton Vidokle, Julieta Aranda et Brian Kuan Wood, animateurs du réseau e-flux, sont à la 8e place, devant Bruce Nauman, 10e, et Jeff Koons, 14e. Si l'on excepte Louise Bourgeois, née française mais naturalisée américaine depuis près de 60 ans, point d'artiste français dans la liste. Les cinq autres personnalités françaises sont un directeur de musée (Alfred Pacquement, du Musée national d'Art moderne), un galeriste (Emmanuel Perrotin), deux collectionneurs (François Pinault et Bernard Arnault) et un curateur-critique (Nicolas Bourriaud). Il semblerait que l'art, aujourd'hui, soit devenu une chose trop sérieuse pour le confier aux artistes.Ill. Art Review, couverture du numéro de novembre