Article Kuhn
Regards sur la révolution kuhnienne
Antonin Durand
Journée transversale de l'École pratique des Hautes études
"Histoire : rythmes, cycles, périodes"
INHA, 27 mai 2011
Lorsqu’on a proposé à l’historien des sciences que je suis de participer à ces journées transdisciplinaires sur « cycle, rythme, et périodes », j’ai immédiatement pensé à Thomas
Kuhn et à sa Structure des révolutions scientifiques. De manière très schématique, on peut en effet résumer la pensée de cet auteur au passage d’une pensée de la révolution scientifique en termes de progrès et de rupture à une pensée en termes de cycles. Ce n’est qu’ensuite que j’ai découvert que cette communication serait l’occasion d’un double anniversaire kuhnien qui lui donne de surcroît une dimension commémorative. Nous célébrerons en effet l’année prochaine les cinquante ans de la première édition de son œuvre majeure, la Structure des révolutions scientifiques, parue en 1962 aux presses de l’Université de Chicago. Cet anniversaire légèrement anticipé se double d’un autre encore plus proche de nous puisqu’il y aura quinze ans le 17 juin prochain que Thomas Kuhn, qui était né en
1922, nous a quittés, le 17 juin 1996.
Je voudrais insister d’emblée, pour ceux qui ne seraient pas familier de l’œuvre de Thomas
Kuhn, sur le retentissement considérable de cet ouvrage de 1962, réédité de nombreuses fois, traduit en 16 langues et vendu à plus d’un million d’exemplaire, ce qui fait de cet ouvrage pourtant exigeant le plus grand succès de librairie en histoire des sciences.
Mon objectif ici ne saurait être de dresser un bilan critique complet des transformations que l’œuvre de Thomas Kuhn a apportées à la pensée de la science aussi bien d’un point de vue historique que sociologique ou philosophique, je n’en aurais ni le temps ni la compétence.
Je dois en effet préciser dès maintenant que j’ai choisi ce thème pour m’inscrire dans ce très