Aspects culturels du comportement mafieux
Dominique Lebleux[1]
L’analyse du comportement individuel dans le cadre de la criminalité organisée donne peu de recherches, alors qu’il y a profusion pour la criminalité ordinaire[2]. Les questions que l’on peut se poser sont : les criminels ont-ils le même profil, les mêmes motivations ; quelle est la part de l’influence de l’organisation sur le comportement ? On remarque certaines analogies. Dans le contexte de la mafia sicilienne, les auteurs – historiens, criminologues, sociologues – assignent une place prépondérante à l’influence de l’environnement culturel. Dans le cadre de la criminalité ordinaire, les sociologues mettent l’accent sur l’influence significative des origines sociales et familiales. Le profil lui, comporte analogies et différences. Certains tueurs de la mafia présentent le même profil psychologique que les psychopathes ordinaires ou les tueurs en série. Cependant leur comportement semble davantage influencé par l’organisation (ils sont les soldats, au service de l’organisation, doivent respecter règles, discipline, hiérarchie) que par les circonstances. Quant aux économistes, s’ils ne sous-estiment pas l’influence de paramètres sociaux, ils leur attribuent toutefois moins d’influence. Pour eux ces données ne sont que des variables que l’individu va traiter mentalement afin de rationaliser son action criminelle. Là intervient une différence fondamentale : chez les sociaux-culturalistes l’environnement est déterminant, l’individu est donc sous influence, il agit de façon semi-consciente parce qu’il a en partie intériorisé certaines normes et valeurs qu’il va reproduire ; alors que pour les économistes, l’homme conserve son libre-arbitre, il est pleinement conscient de ses actes, puisqu’il est perçu comme un calculateur de coûts et profits. On repère donc dans le premier groupe d’auteurs, une référence holiste : le comportement déterminé par les structures sociales et l’environnement.