L’analyse sociale
Coupeau accepte que Lantier vienne vivre sous leur toit, si celui-ci paie un loyer. Ce dernier redevient l'amant de Gervaise. Coupeau, lui, sombre dans l'alcool, suivi bientôt par Gervaise, insupportée par cette vie ratée. De verre en verre, Gervaise se fait plus faible, néglige ses affaires et sa blanchisserie finit par péricliter.
Zola nous offre dès lors l’image d une classe dépossédée. Une classe ?bien plutôt un petit groupe semi prolétarien qui parqué aux portes d’un Paris cloisoné est tenu à l’écart de tout y compris des mouvements sociaux.
Ce sont des exclus de ce temps là .Ils s’abandonnent à la pente qui les entrîne , à l’oubli dans l’alcool et une perte de soi qui n’est pas que de Gervaise
Le theme de l’abandon domine L’Assommoir .Est-ce à dire que le petit peuple alcoolique du si bien nommé quartier de la Goutte d’or se trouve sans réaction et sans révolte devant le triste sort qui lui est fait
Le texte zolien fait place à une protestation latente mais qui n’atteint jamais à la revendication véritable.Cette protestation , à laquelle on reviendra, ne connait pas d’autre issue que la rebellion violente du corps et du langage.
En ce cas , il revient à coupeau , réfractaire par ailleurs à toute contestataire. Qu il se lance avec son bagout d’enfer dans des diatribes argonotiques , qu’il se livre à des pelotages en public(chapitre 5), qu’il abandonne à ses ignobles vomissements .
Coupeau est d’un bout à l’autre ce corps obsséne et difforme qui se dresse dans un geste de refus dont l’objet lui demeure inconnu .Arrivée au terme de sa dégringolade, Gervaise à son tour trouvera dans la trivialité des mots et des gestes matière à dire sa rancœur face à l’injustice du sort .
Ainsi les querelles stupides de Poisson et Lantier concernant la personnalité de l’empereur sont manière indirecte d’indexer la petite histoire sur la grande.La malheureuse déchéance de Gervaise valait comme doublet du pourrissement d’un régime et de la désagrégation