Aube, arthur rimbaud
J’ai embrassé l’aube d’été.
Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombre ne quittaient pas la route du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.
La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.
Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.
Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai dénoncée au coq. A la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.
En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peu son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.
Au réveil il était midi.
Analyse du poème Aube :
Aube est un poème contenu dans le recueil Illuminations (1873).
On perçoit à travers ce poème une certaine féerie, l'espace décrit est celui du rêve. L'auteur importe peu à savoir le lieu dans lequel il se trouve et qui est cette déesse, car un rêve est fait pour nous échapper de la réalité sans avoir peur de quelconques conséquences, ou rencontres. C'est le désire de l'inconnu qui surgit de l'auteur, il s'évade. Le poème est basée sur un contraste, celui du statique et du mouvement, en effet, au début du poème tout semble être lent, figé et mort « rien de bougeait encore », « morte », « camps d'ombres » alors que dans la seconde partie, tout est en mouvement, la joie éveille la nature, tout semble revivre « reveillant », « haleines vives et tièdes », « se levèrent ». Ce contraste illustre le jour qui commence à se lever.
On perçoit également une métaphore amoureuse, une relation mystèrieuse. L'auteur et la déesse semblent se chercher, entre l'amour et la haine. Car l'auteur