Aubigné ronsard
Élevé dans la religion calviniste, dont il fut un fervent partisan tout au long des guerres de religion qui secouèrent la fin du XVIe siècle, Agrippa d’Aubigné fut placé, à l’âge de dix ans, en pension à Paris, chez Couprie humaniste célèbre (1562). L’année suivante, son père Jean d’Aubigné meurt à Orléans, alors assiégée par le duc de Guise (1563).
Envoyé à Genève en 1565, Agrippa d’Aubigné y poursuivit ses études sous la direction de Théodore de Bèze. Lorsque éclata la deuxième guerre de religion (1567-1568), il s’engagea sans hésiter dans l’armée protestante. Après une courte paix en 1568, les hostilités reprirent de plus belle. D’Aubigné participant aux batailles, comme aux pourparlers de paix, il était, à la suite d’un duel, absent de Paris durant les massacres de 1572 mais il en garda une rancune tenace à la monarchie. Les Tragiques conservent la trace des visions d’horreur dont il fut le témoin.
C’est à cette époque qu’il se lie avec le jeune roi de Navarre, qui le nomma son écuyer au mois d’août 1573. Le futur Henri IV était, après la Saint-Barthélémy, étroitement surveillé à la Cour de France. On ignore si, comme lui, d’Aubigné a feint de se convertir au catholicisme. Il fit en tout cas partie des compagnons du roi de Navarre lors de son évasion, le 4 février 1576. Cette amitié entre le roi et le poète dura plusieurs années ; Henri IV le nomma ainsi maréchal de camp en 1586, puis gouverneur d’Oléron et de Maillezais, que d'Aubigné avait conquis par les armes en 1589 ; puis vice-amiral de Guyenne et de Bretagne. Mais les divergences politiques et religieuses finissent par séparer les deux hommes, qui ne se doutaient pas que leurs petits-enfants respectifs, Louis XIV et Françoise d’Aubigné, se marieraient en 1683.
En 1577, d'Aubigné est grièvement blessé à Casteljaloux. Selon la légende qu’il a lui-même forgée bien plus tard, c’est là, entre la vie et la mort, que lui seraient venues les premières « clauses » de son grand poème épique