Aurélien d'aragon
Il y avait un vers de Racine que ça lui remettait dans la tête, un vers qui l'avait hanté pendant la guerre, dans les tranchées, et plus tard démobilisé. Un vers qu'il ne trouvait même pas un beau vers, ou enfin dont la beauté lui semblait douteuse, inexplicable, mais qui l'avait obsédé, qui l'obsédait encore :
Je demeurai longtemps errant dans Césarée…
Aragon a décrit le sentiment de l’absolu dans la longue rêverie sentimentale d’Aurélien, l’un des sommets romanesques de son œuvre (Edition Gallimard 1944).
Aurélien est un roman ambigu et très riche donnant à voir les dérives morales et les diversions esthétiques d’un jeune bourgeois, Aurélien qui incarne le fameux « mal du siècle » qu'avait connu l'écrivain pendant sa jeunesse. Aurélien dépeint une génération prise entre deux guerres, sans identité propre, qui se laisse aller à une trêve trop gaie pour être réelle, les fameuses années 1920 dites folles, reconstituées ici avec leurs figures et leurs lieux les plus marquants (Picasso en plein succès, le groupe Dada à Pigalle, la cabale contre Cocteau, les défilés