Auswitch
Le lendemain matin, un long train de marchandise attend sur le quai. Environ 70 prisonniers sont entassés dans chaque wagon. Hommes, femmes, enfants, jeunes, vieux, bien portants et malades. La plupart restent debout. Les Frank réussissent à rester ensemble. Lenie de Jong van Naarden fait partie du convoi, elle raconte : "Beaucoup ont dormi, les filles Frank aussi. Contre leur père ou leur mère, tout le monde était épuisé." Le voyage en train dure longtemps, trois jours. Dans chaque wagon, un seau fait office de toilettes. La puanteur est vite insupportable.
Les prisonniers ne peuvent plus rien avaler. Janny Brilleslijper : "Nous étions debout, nous appuyant les uns contre les autres. Il y avait de grandes ouvertures dans les wagons et deux trous recouverts d’un épais grillage en guise d’aération. Si l’on se trouvait près de l’un de ces trous, de deux choses l’une, ou on souffrait moins de la puanteur ou on attrapait froid à cause des courants d’air." Par moments, le train roulait vite, parfois lentement. Rosa de Winter-Levy dira plus tard à propos de son voyage en train : : "Au bout de deux jours, nous étions exténués, ici un homme rendait l’âme, là une vieille femme se trouvait mal, des enfants pleuraient, c’était quasiment insoutenable."
Sur le quai d’Auschwitz-Birkenau hommes et femmes sont séparés. Des médecins nazis décident qui, parmi les prisonniers, sera tué immédiatement.
Au cours de la troisième nuit, brusquement, le train s’arrête, au milieu de la nuit, environ à deux heures. Les portes des wagons s’ouvrent. 'Aussteigen, schnell, schneller' (dehors, plus vite, plus vite!) hurlent des hommes en uniformes rayés. Les prisonniers reçoivent l’ordre de laisser leurs bagages dans le train.
Ce sont les