Autoportrait au passeport juif est certainement la peinture la plus connue de Felix Nussbaum. Dans cet autoportrait, il montre sa plus grande peur : celle de ne pas être libre. Nussbaum peint cette œuvre, alors qu’il est déjà entré dans la clandestinité, (depuis qu’il s’est enfuit de Saint-Cyprien en 1940) passant son temps entre un atelier et une cachette dans un grenier.

Ce tableau illustre Felix Nussbaum situé au 1er plan dans la partie basse du tableau. L'ensemble du tableau présente un camaïeu de gris-brun. L'artiste s'est peint entouré d'imposants murs gris, avec un ciel sombre où volent des oiseaux noirs, oiseaux de mauvais augure. Un arbre aux branches coupées dépasse derrière un des murs ainsi qu'un immeuble dont les fenêtres sont semblables à la maison du peintre. Seul un trou dans les nuages au niveau d'une branche d'arbre laisse apparaître un ciel bleu-azur.
Enfermé derrière des murs au fond d'une impasse, son visage tourné de 3/4, il pose sur le spectateur un regard oblique. Situé au pied du mur, Nussbaum affiche son identité au spectateur : il remonte le col de son manteau laissant apparaître une étoile jaune tout en tendant sa pièce d'identité, dévoilant ainsi qu'il est juif. Le tableau n'est pas signé mais on peut voir son nom sur sa carte d'identité.
Son lieu de naissance, en Allemagne, est effacé, sa nationalité indique "Sans" et les mots "JUIF-JOOD" sont imprimés par-dessus en rouge. La présence du mot juif, dans les deux langues (Allemand et Français), rappelle qu’il est réfugié en Belgique. Cette carte d'identité qu’il présente est expirée depuis longtemps (apparemment depuis 1940). Nussbaum est recherché.
Cet autoportrait de Nussbaum est l'expression d'une crise d'identité chez le peintre. Il peint la façon dont lui se voit: un fugitif, exilé en Belgique souffrant de la perte de son identité originelle. Il apparaît caché sous son chapeau et enveloppé dans son grand imper, il n'est identifiable que par son étoile et sa carte d'identité.