Dans cet autoportrait, le visage du peintre occupe toute la surface du support. Elle est démesurément grande par rapport aux frêles épaules qui la soutiennent. Les couleurs utilisées dans ce dessin sont des couleurs froides : des bleus et violets allant jusqu'au magenta (rouge primaire) ainsi qu'un un bleu-vert, beaucoup de blanc qui rend les couleurs pastel, le tout rehaussé de graphisme noir. Les traits sont durs, secs et anguleux. Le visage est creusé, presque squelettique. Le nez et les yeux asymétriques (pupille dilatée que du côté gauche) sont exagérément grands. Une barbe, à la fois bleue et noir, recouvre le bas du visage alors que des rides bleues le sillonnent. Une ombre rouge magenta est projetée à la gauche de la tête et des stries rouges couvrent le haut du crâne. La forme du visage rappelle à la fois celle d'un crâne et celle d'un masque africain du fait de la simplification géométrique des formes utilisées pour construire le visage. C'est un autoportrait de l'extrême. Picasso est à l'extrémité de sa vie, il est malade, fatigué (son visage est creusé et marqué par les cernes). Il sait qu'il lui reste peu de temps et pourtant il a encore tellement de choses à peindre! Il semble désemparé, à la fois inquiet (voir les deux rides aux extrémités centrales des sourcils) et impuissant face à cette fatalité. Son regard est troublant et poignant. Le grand Picasso dévoile ici finalement sa vulnérabilité.
"L'autoportrait face à la mort" ne concerne plus seulement le spectateur ni une démarche artistique, il concerne le peintre lui-même. C'est le peintre regardant droit dans les yeux sa fin